17-18 juin 2024 Montpellier (France)

Programme des sessions

  • Session 1
Objectivité et neutralité scientifique (Epsylon-CREG- EMMA)

Daniel Priolo (MCF-HDR en psychologie sociale, EPSYLON) :

  • Peut-on faire de la recherche militante : réflexions sur la neutralité axiologique, l’objectivité et la notion de biais

Dans le domaine scientifique et notamment dans les sciences humaines et sociales, une question revient sans cesse : peut-on être un·e scientifique sans prendre position ?
D’illustres sociologues se sont déjà exprimés sur ce sujet (Weber, 1917, 1965 ; Bourdieu, 2002). La notion de neutralité axiologique a alimenté les débats portant sur ce sujet. Elle peut se résumer à étudier des objets (sociaux ou autres) sans faire intervenir un jugement de valeur dans l’analyse de ceux-ci. Cette notion a souvent été galvaudée dans ce que Santos (2003) qualifie de vulgate positiviste. Cette dernière réduit la neutralité axiologique à la simple neutralité qui suppose que les chercheurs et les chercheuses doivent s’abstraire de leur condition sociale (femme, racisé·e, prolétaire ou autres) pour étudier des objets sans parti pris. Au fil des années deux camps se sont opposés. D’un côté, il y aurait les rationalistes qui reprochent aux scientifiques engagé·es d’être endoctriné·es et de ce fait de faire des recherches biaisées. De plus, la recherche engagée tomberait dans l’écueil d’une politisation extrême ou tout objet d’étude serait politique. De l’autre côté, il y aurait les matérialistes qui reprochent aux rationalistes d’être dans la reproduction de l’idéologie dominante, de faire preuve d’une fausse neutralité et d’être aveugles aux enjeux de leurs travaux. Selon les matérialistes, plus un·e scientifique se considère comme neutre, plus il.elle est inconscient·e de son manque de neutralité. Pour mettre fin à ce débat, Santos (2003), propose de distinguer la neutralité et l’objectivité. La première serait une chimère car un·e expert·e sur un sujet a forcément une position sur une question. La seconde serait un idéal vers lequel il faudrait tendre. L’objectivité consisterait à la mise en place d’une méthode d’investigation rigoureuse qui nous prémunirait de faire des analyses reflétant nos
préférences idéologiques. C’est à la lumière de cette distinction que nous analyserons
certains travaux qui portent sur les biais cognitifs et sociaux pour démontrer qu’ils
constituent un paradoxe.

Références:
Bourdieu, P. (2002). Pour un savoir engagé. Le monde diplomatique, 3, 139.
Santos, B. D. S. (2003). Crítica de la razón indolente: contra el desperdicio de la experiencia (Vol. 1).
Desclée de Brouwer.
Webber, Max. (1965b [1917]). Essai sur le sens de la "neutralité axiologique" dans les sciences sociologiques et économiques, dans Essais sur la théorie de la science, pp. 399-477. Plon.


Sylvain Farge (MCF en études germaniques, CREG):

  • Militantisme et sciences humaines au prisme de l'étude de la corpulence

Les fat studies posent un cadre épistémologique qui calque l'étude de la corpulence, notamment de l'obésité, sur les combats et acquis des luttes pour les droits civiques aux Etats-Unis et du féminisme (gender studies), notamment. Le cadre scientifique s'inspire d'une lecture particulière de Foucault, de laquelle se dégage la notion d'un discours de pouvoir diffus dans la société. Tout discours sur la corpulence, ainsi, est perçu comme se situant soit en défense de l'obésité comme diversité des corps, soit en discours culpabilisant et discriminant. Je montre que cette épistémologie est source de biais important.
Une analyse de l'épistémologie des fat studies, mais aussi des études de corpus de presse allemande permettent de questionner cette épistémologie, qui ne résiste pas à l'examen du corpus. Il est alors nécessaire, dans une autre lecture de Foucault (particulièrement L’ordre du discours) de redéfinir le concept même de discours et de repréciser la formation discursive autour de l'obésité.
Je défends donc que la défense de la dignité des personnes corpulentes peut s'exercer dans un cadre méthodologique et scientifique qui ne souscrive pas au relativisme culturel large des études critiques, ici, les fat studies, sans pour autant s'inféoder à un discours médical déshumanisé, mais à un relativisme modéré (représenté, notamment, par M.A. Paveau). Cela permet alors de réévaluer le rôle mais aussi l'influence du chercheur sur la construction du phénomène et la défense des droits des personnes concernées. Ainsi, j'aimerais questionner le rapport certes nécessaire mais délicat entre engagement (qui ne veut pas nécessairement dire militantisme) et démarche scientifique.


Ann Coady (MCF en linguistique anglaise, EMMA) :

  • La linguistique féministe et la neutralité scientifique

D'aussi longtemps que je me souvienne je me suis proclamée « féministe » avec fierté. Mais quand j’ai commencé à faire de la recherche en genre et langage, la question d’un conflit potentiel entre mes valeurs personnelles et la neutralité scientifique s’est posée.
La linguistique, comme toute discipline qui s’intéresse aux activités humaines, est particulièrement concernée par le souci d’objectivité scientifique. Peut-on être engagé·e et en même temps faire de la recherche objective et si oui, comment ? C’est la question que je propose d’explorer.
Depuis le tournant post structuraliste, l’idée même d'objectivité scientifique a été remise en question. Les linguistes féministes ont souligné le fait qu’aucun·e chercheur·euse ne fait sa recherche dans un vide social et culturel, et que toutes les connaissances sont socialement et historiquement ancrées. Ce qui passait pour de l’objectivité n’était pour elles en réalité que la perspective des puissants de ce monde, déguisée en neutralité. Cette remise en question a progressivement changé la perception de qui constituait un champ de recherche légitime ou illégitime. Aujourd’hui il est possible de se proclamer « linguiste féministe » et obtenir un poste de maître de conférences, ce qui n’était pas le cas il y a 40 ans.
Je propose de présenter mon parcours en tant que linguiste féministe engagée et les solutions que j’ai pu trouver à ces questions d’objectivité scientifique.


Claudine Raynaud (Professeur émérite d’études noires américaines, EMMA) :

  • Les théories critiques féministes anglo-saxonnes de la « neutralité » scientifique et le champ des études noires américaines.

« Savoirs situés », « féminismes de point de vue », « privilège épistémique », « objectivité forte » : ces notions développées par Donna Haraway, Sandra Harding, Nancy Hartsock au sein de la théorie critique féministe des années 80 mettent à mal la « neutralité » et l’« objectivité » que demandait traditionnellement le travail du chercheur. Ces questionnements sur la part « subjective » qui influe sur la construction des savoirs amènent à une reconfiguration des enjeux et des pratiques de la recherche. Expérience vaut-elle connaissance ? La sociologue noire américaine Patricia Hill Collins enjoint les femmes noires à se battre pour que leurs savoirs ne soient ni niés, ni minorés. Les rapports de pouvoir qui traversent le champ de la recherche scientifique (sexisme, racisme, classisme, origine géographique) conduisent à une réflexivité (un retour sur ses aprioris) par laquelle la chercheuse doit prendre acte de son implication idéologique. Peut-elle s’en départir ? Le chercheur peut-il se frayer une voie tierce entre, d’une part, le privilège épistémique, les savoirs assujettis (Foucault) et d’autre part, une démarche dont l’objectivité s’affirme comme allant de soi ?

Bibliographie:
Donna Haraway, Situated Knowledges: The Science Question in Feminism and The Privilege of Partial Perspective, 1988.
Sandra Harding (ed), The Feminist Standpoint Theory Reader. Intellectual and political controversies, 2004.
Nancy Hartsock, "The feminist standpoint: developing the ground for a specifically historical materialism", in Sandra Harding and Merrill B. Hintikka (eds.), Discovering reality: feminist perspectives on epistemology, metaphysics, methodology, and philosophy of science (2nd ed.), London: Kluwer Academic Publishers, 2003, pp. 283–310.
Nancy Hartsock "Rethinking Standpoint Epistemology: What Is 'Strong Objectivity'?" in Linda Alcoff and Elizabeth Potter (eds). Feminist Epistemologies, 1993.
Nancy Hartsock "'Strong Objectivity': A Response to the New Objectivity Question," Synthese, Vol. 104, No. 3, 1995, pp. 331–349.
Patricia Hill Collins, Black Feminist Thought: Knowledge, Consciousness, and the Politics of Empowerment, Boston: UnwinHyman, 1990.

  • Session 2

Géopolitique de la recherche (ReSo-RIRRA21)

Vika Skourti (doctorante en études néohelléniques, ReSo) :

  • Les « actes constitutionnels » de la dictature des colonels en Grèce (1967-1974)

La dictature a été imposée en Grèce en 1967 à la suite d'un coup d'État perpétré par trois colonels de l'armée grecque qui se sont emparés du pouvoir à la force. Le régime dictatorial des colonels, dans le but de se maintenir au pouvoir, a procédé à l'imposition immédiate de la loi martiale, à la restriction systématique et généralisée des libertés individuelles et à la violation brutale des droits de l'homme. Sur ce dernier point, la Grèce a été condamnée par la Cour de Strasbourg, incitant les dictateurs à retirer la Grèce de la CEDH (Cour européenne des droits de l’Homme). Les auteurs du coup d'État, afin de donner un semblant de légitimité à la prise illégale du pouvoir par la force, se sont présentés comme les représentants supposés d'une "révolution" du peuple contre la situation politique (effectivement troublée) qui prévalait dans le pays à l'époque. À cette fin, ils ont émis des "lois", des "actes constitutionnels", des "décrets" et ont généralement "légiféré" de manière totalement irrégulière et abusive, puisque les fondements de tout processus démocratique ont été violés en raison de l'absence de souveraineté populaire.

Dans ce cadre, notre intervention est articulée autour de deux pôles :

a) la présentation d’une brève étude qualitative des "lois" les plus emblématiques de la dictature qui avaient comme objectif la restriction des libertés individuelles et la limitation des droits de l'homme ;

b) les caractéristiques du discours des "législateurs" de la dictature et des textes juridiques qui en découlaient. Ces textes sont marqués par une forme hyper-archaïsante de la langue grecque, ponctuée d’erreurs et d’inexactitudes, tant à l'oral qu'à l'écrit. L’emploi récurrent de métaphores comme celle de "la Grèce plâtrée", dans laquelle le pays est présenté comme le patient que les putschistes sont "chargés" de soigner, combiné au jeu métonymique continu, par ex. entre l’armée et ses agents, la Nation (Έθνος) et les citoyens Grecs, et à de nombreux glissements sémantiques (ex. Révolution au lieu de Putch/Junte) finissent par produire un type de discours très caractéristique. Nous pouvons observer ce discours à la fois dans la communication politique que dans les « textes législatifs » promulgués durant la dictature.

 

Madeleine Voga (PR en études néohelléniques, ReSo) :

  • « La dictature de l’euro » : un exemple d’analyse du discours sur l’économie par temps de crise  

L’une des caractéristiques de tout travail de recherche consiste à opérer un choix quant à la méthodologie et le type d’analyse qui seront appliqués. Nous présenterons une analyse du discours sur l’économie, notamment du chef du parti de gauche radicale (i.e. Syriza) qui a gouverné la Grèce entre 2015-2019 ; cette analyse se fonde sur trois piliers : a) les correspondances métaphoriques, plus ou moins conventionnelles, par ex. LE SYSTÈME DE GESTION ÉCONOMIQUE EST UNE BULLE, en conformité avec le schéma bulle immobilière/boursière ; b) l’analyse en termes d’espace amalgamé (blended space, Fauconnier et Turner, 2002) qui conduit à la conceptualisation selon laquelle la banque et la police sont deux institutions anti-démocratiques, en dépit de leurs autres différences; c) la validation (ou réfutation) des hypothèses ainsi obtenues grâce à des outils et des protocoles de type quantitatif (test d’acceptabilité, protocoles de lecture chronométrée – self-paced reading). Ce type de méthodologie, appliquée avec la rigueur nécessaire, permet de : a) explorer le réseau sémantique qui sous-tend la représentation mentale de l’objet économie (par temps de crise) ; b) illustrer l’intérêt du croisement des approches et des analyses c) affirmer l’engagement du chercheur envers la rationalité et sa volonté de se démarquer des discours idéologiques.

 

Gaëlle Lefer-Sauvage (MCF en sciences de l’éducation et de la formation, LCF à l’Université de La Réunion (EA 7390), Université de Mayotte) et Eva Raynal (MCF en littératures comparées, Université de Mayotte / RIRRA 21)  :

  • Le chaos ordinaire à Mayotte : construction d’une identité xénophobe ou contretransfert négatif du chercheur ?

Depuis la fin du mois janvier 2024, un conflit social important paralyse l’île de Mayotte, le plus pauvre département de France. Le déclencheur de ce conflit est le stade de Cavani, qui « accueillait » jusqu’à il y a peu plusieurs centaines de demandeurs et demandeuses d’asile. Or, Mayotte subit une forte pression migratoire (près de 50 % de la population est de nationalité étrangère, Chaussy, 2019) et le nombre de personnes en situation irrégulière est difficile à estimer : un rapport du Sénat comptait, en 2007, près de 22,5 % des élèves scolarisés sur l’île en situation irrégulière (Torres, 2007). Aussi, en 2024, Mayotte dresse de nouveau des barrages de collectifs citoyens pour protester contre l’insécurité, qui cristallisent un climat xénophobe autour de l’enjeu migratoire (Kersimon, 2023 ; Marcangeli et Youssouffa, 2023). Au coeur de ce mouvement de protestation, la diffusion d’informations informelles (qui passent notamment par les réseaux sociaux), plus ou moins vérifiables, ouvre le boulevard pour la circulation de théories d’ultra-droite. Pour autant, c’est une tentative de réflexion et d’exercice du pouvoir d’agir (Rabardel, 1995) de manière collective et par la population elle-même, qui se met en place. La transformation d’une identité collective à une identité communautaire, notamment à travers la peur et de refus de l’Autre, est ici interrogée (France Culture, 2023). A travers l’analyse du contexte historico-culturel et multicolonial de Mayotte, l’analyse du discours des médias locaux de Mayotte et des réseaux sociaux, et un ensemble de traces d’activité des chercheuses (cahier journal, observation participante) sur place pendant ces mouvements de protestations, cette recherche montre en quoi la construction de l’information informelle et la contradiction dans les structurations institutionnelles participent à la genèse d’une identité communautaire xénophobe.

En conclusion, cette analyse sera discutée à travers le rapport du chercheur à l’objet de recherche, considérant que le chercheur est lui-même en situation de contre-transfert négatif (Freud, 1910/2013) et doit se prémunir de ses propres angoisses face à la situation qu’il vit et revit.*

Références:

Chaussy, C. (2019). À Mayotte, près d’un habitant sur deux est de nationalité étrangère. Insee Première n°1737. https://www.insee.fr/fr/statistiques/3713016

France Culture (4 mai 2023). Mayotte : qu’est-ce que l’identité mahoraise ? Le Temps du débat.

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/le-temps-du-debat/mayotte-qu-est-ce-que-lidentite-mahoraise-4625182

Freud, S. (1910/2013). Interprétation des rêves ; Traduction par J.P. Lefebvre. Point.

Kersimon, I. (2023). Les mots de la haine. Glossaire des mots de l’extrême-droite. Rue de Seine.

Marcangeli, L. et Youssouffa, E. (2023, 31 mai). Les enjeux migratoires aux frontières Sud de l’Union européenne et dans l’océan indien. Rapport d'information n°1295. https://www.assembleenationale.fr/dyn/16/rapports/cion_afetr/l16b1295_rapport-information#_Toc256000019

Rabardel, P. (1995). Les hommes et les technologies. Armand Colin.

Torre, H. (2008). Mayotte : un éclairage budgétaire sur le défi de l'immigration clandestine. Rapport d'information n° 461 (2007-2008). https://www.senat.fr/rap/r07-461/r07-46114.html

 

  • Session 3

 Neutralité axiologique et intersubjectivité face au terrain (DIPRALANG)

 Ksenija Djordjevic Léonard (MCF-HDR en sciences du langage)

  • Neutralité axiologique et questionnement géopolitique envers le chercheur

A partir de situations rencontrées sur le terrain, comment se positionne le chercheur face aux questions géopolitiques locales ou globales faisant polémique ? Chez les Italiens croatophones du Molise, au sud de la péninsule, un.e chercheur.e serbe est invitée à lever le doute sur ses intentions, en tant que ressortissante d’un pays voisin où les questions ethnonationales sont encore sensibles. Ailleurs, c’est son positionnement face aux guerres de Yougoslavie qui est questionné. En Géorgie, l’intérêt pour la situation sociolinguistique du svan, importante minorité kartvélienne du nord du pays, suscite une certaine inquiétude, tant la mémoire collective reste sous le choc de deux séparations ethnonationalistes récentes (Abkhazie et Ossétie). Comment rassurer ses interlocuteurs et les assurer de sa neutralité axiologique ? Que disent ces craintes, et en quoi permettent-elles une meilleure compréhension du terrain et des attentes des gens ?

 

Jean Léo Léonard (PR d’anthropologie linguistique)

  •  Quand la polarité objectivité/subjectivité est transcendée par l’intersubjectivité

 La technique des ateliers thématiques en langues autochtones a été menée durant plus de 20 ans en milieu amérindien et en Europe (Mexique, Bolivie, Colombie, Italie, Estonie, Géorgie). Initialement, il s’agissait de produire des matériaux aussi objectifs que possible pour l’enseignement des langues minorées, ainsi que de l’histoire et de la géographie. Il est vite apparu qu’une trop grande insistance sur la dimension objective des textes et illustrations produites au cours de ces ateliers co-participatifs avec instituteurs bilingues et élèves des écoles ne faisait que cantonner l’activité dans de simples traductions de l’espagnol ou des langues dominantes vers les langues vernaculaires. C’est en stimulant l’imagination par l’activité des « Communautés invisibles » que chercheurs et participants ont pu développer des conditions d’intersubjectivité permettant une saisie plus sincère et réaliste des dilemmes auxquels sont confrontées ces sociétés, avec une plus grande valeur heuristique sur le plan didactique. Il sera fait été de cette évolution de la démarche, d’une approche objectivisante à une approche par intersubjectivité collective.

 

Katherine Cortés-Montoya (doctorante en sciences du langage)

  • Légitimation en partenariat avec la communauté comme prémisse d’une praxis engagée 

 Pour réaliser sa recherche engagée, en faveur de la revitalisation d’une langue barbacoane de Colombie, le namui wam ou nam trik de la région de Silvia, près de Popayan, Katherine Cortés-Montoya est passé par un parcours de consultation et validation auprès du cabildo – l’autorité indigène qui gouverne localement la communauté. Il s’agit d’un programme de recherches concerté en accord avec ces autorités, en fonction des besoins de la communauté. L’engagement est donc encadré et conditionné de manière intersubjective avec le chercheur. Dans ce cas précis, l’éthique de l’engagement est rendue encore plus délicate par le fait que la doctorante se trouve dans la situation d’une ressortissante colombienne réalisant ses études en Europe : elle étudie la langue et travaille avec une société autochtone de son pays, mais elle doit maintenir une neutralité axiologique. La méthode employée consiste à objectiver les acquis et méthodes engagés par la communauté Misak parlant cette langue en faveur de l’enseignement bilingue et interculturel, tout en favorisant des productions intersubjectives co-participatives avec les enseignants et les élèves dans le cadre d’ateliers thématiques comme ceux décrits par Jean Léo Léonard dans son tour de parole.

 

Zixi Wang (doctorante en sciences du langage)

  • Liberté du chercheur face aux aléas et contraintes de terrain 

Dans le cadre de sa recherche doctorale sur les minorités en Chine, Zixi Wang s’est à de multiples reprises interrogée sur la censure des autorités mais aussi l’autocensure du chercheur dans ses propres écrits. Elle questionnera, dans son exposé, la liberté du chercheur contraint en permanence de s’adapter aux aléas et impératifs du terrain et elle reviendra sur le rôle du chercheur comme outsider face à ses informateurs, dans une société fortement polarisée, marquée tant par le renforcement de la vigilance et de la surveillance que par la hausse des tensions interethniques, amplifiant la méfiance. Le chercheur se trouve alors contraint de trouver de multiples stratégies permettant de passer de la méfiance à la collaboration.  

 

  • Session 4

 Enjeux de la recherche engagée (LERASS-CERIC-EMMA-IRCL) :

 Julien Péquignot (PR en Sciences de l’information et de la communication, LERASS-CERIC) :

  • La posture pragmatique dans la recherche en SHS : un engagement nécessaire au sens logique du terme

D’un point de vue paradigmatique, le positionnement pragmatique a des implications épistémologiques : il s’accompagne nécessairement d’une perspective constructiviste et donc critique. En d’autres termes, l’approche pragmatique, voire pragmaticiste au sens de C.S. Peirce, que cela soit dans les sciences de l’information et de la communication, mais en fait dans l’intégralité du champ des SHS, implique de mettre au jour les systèmes de dominations. Ces derniers, en effet, sont ceux qui président à l’imposition des structures idéologiques permettant de pérenniser les structures sociales et donc économiques qui elles-mêmes reposent sur et assurent ces rapports de dominations. Le champ scientifique n’étant pas extrait du social, il n’échappe pas à ces processus et rapports structurels, que cela soit concernant sa place et son fonctionnement au sein de la société, ou dans la manière dont il est lui-même structuré et opérant. Conséquemment et logiquement, faire de la recherche en SHS en adoptant une posture pragmatique, implique d’une part de s’engager à accepter et à revendiquer l’inanité de la prétention à la neutralité et à l’objectivité, mais au contraire d’intégrer dans la démarche heuristique les conditions mêmes de cette démarche afin d’en faire des composantes de l’administration de la preuve : c’est par la multiplication des situations de recherche et leur confrontation que la validité de la démonstration scientifique peut être collectivement étayée. D’autre part et pour ce faire, cela implique d’exposer et de socialement désinvisibiliser les systèmes de fonctionnement de la recherche, tant par la présentation normée systématique des caractères des individualités qui la composent que par la déconstruction de ses processus structurels, en particulier dans leurs contradictions entre rapports de dominations agonistiques et prétention à l’objectivité et à l’universalité.

 La communication s’appuiera sur des cas d’études à propos d’objets artistiques et culturels dans une comparaison interdisciplinaire (esthétique, sciences de l’information et de la communication, sociologie, et.) permettant d’éclairer les variations, mais surtout les permanences aporétiques d’invisibilisation et donc de maintien des rapports hiérarchiques et asymétriques entre les objets, les approches et les publics concernés – ainsi le corps social dans son ensemble.

 

Marc Lenormand (MCF en civilisation britannique, EMMA) :

  • Les périodiques de la Nouvelle gauche britannique (1956-1991) : quand recherche et engagement se renforcent 

Les intellectuel-les britanniques qui lancent en 1957 le New Reasoner et Universities & Left Review sont de générations et de statuts différents : des trentenaires, ancien-nes communistes et déjà titulaires de leurs postes pour New Reasoner ; des vingtenaires terminant tout juste leurs études à Oxford pour Universities & Left Review. Iels ont cependant en commun d’être des intellectuel-les de gauche en rupture aussi bien avec le communisme soviétique qu’avec la sociale-démocratie atlantiste. Pour cette même raison, leurs nouvelles publications, qui se veulent intervenir dans le champ intellectuel et politique, peinent à trouver leur modèle économique : elles ne bénéficient ni du soutien d’aucune organisation politique, ni de la stabilité dont bénéficient les revues plus académiques financées par les abonnements des bibliothèques universitaires.

En dépit de la faible longévité de New Reasoner et de Universities & Left Review, fusionnées en 1960 pour former la New Left Review, ces périodiques ont établi un modèle : accueillant dans leurs pages les signatures d’universitaires de renom, publiant de la poésie, de la fiction et de la critique littéraire, suscitant activement des contributions concernant de nouveaux champs comme l’architecture et l’urbanisme, tout en portant un regard acéré sur les questions de politique nationale et internationale, ils constituent un point de jonction entre les universités et le militantisme, entre recherche et engagement.

C’est à cette même intersection que se positionnent une série d’entreprises intellectuelles ultérieures, qui bénéficient toutefois d’un soutien institutionnel ou partisan plus solide : les cultural studies développées à l’Université de Birmingham à partir de 1964 veulent ouvrir de nouvelles perspectives d’enseignement et de recherche et contribuer tout en s’inscrivant dans une logique de transformation sociale (« produire des intellectuel-les organiques », écrira plus tard Stuart Hall) ; le mouvement History Workshop, tout à la fois approfondissement du tournant épistémologique de l’histoire par en bas et entreprise d’éducation populaire, trouve une expression scientifique et militante durable au travers de la revue History Workshop lancée en 1976 ; la revue Marxism Today, lancée par le Parti communiste comme réponse au départ d’une partie de ses intellectuel-les en 1956, devient à partir de 1977 à la fois un des principaux supports du débat d’idées dans la gauche britannique et le lieu où s’élaborent et se diffusent un ensemble de travaux de recherches décisifs en science politique (sur le projet thatchérien) ou en économie et en géographie critique (sur la désindustrialisation du pays).

Cet environnement institutionnel et intellectuel s’est depuis affaibli : Marxism Today a cessé de paraître en 1991 à la suite de la dissolution du Parti communiste ; le Centre for Contemporary Cultural Studies de l’Université de Birmingham a été fermé en 2002, emporté par la restructuration néolibérale de l’université britannique. New Left Review et History Workshop demeurent des lieux privilégiés de diffusion d’une recherche critique mais le lien entre recherche et engagement s’est défait, les échanges soutenus entre les universités et le militantisme se sont taris : la conjoncture historique spécifique de la Nouvelle gauche (1956-1991) a tout simplement disparu. Il ne s’agit pas pour autant de pleurer la fin d’un âge d’or, mais plutôt d’identifier les modalités par lesquel-les, loin de se tenir réciproquement à distance, recherche et engagement ont pu se renforcer et produire des travaux à la fois puissamment originaux et délibérément ancrés dans le monde contemporain.

 

Sandhya Patel (MCF-HDR en civilisation britannique, IRCL) :

  •  Approches postcoloniales/décoloniales et « la localisation stratégique » 

La réflexion autour de la recherche et l’engagement est particulièrement pertinente dans le domaine des études postcoloniales et/ou décoloniales. Les problématiques et les objets d’études dans ces domaines sont intimement liés aux « enjeux » sociétaux. Travailler par exemple sur l’analyse postcoloniale des représentations des peuples océaniens par les navigateurs/explorateurs du XVIIIème siècle ouvre des perspectives sur les revendications identitaires/territoriales/mémorielles contemporaines dans la région.

 A partir des années 80, les études postcoloniales et les études subalternes ont pris leur envol dans les pays anglophones. Edward Said dans son ouvrage fondateur Orientalism (1978) identifie ce qu’il appelle la localisation stratégique qui, dit-il, est « une manière de décrire la position de l'auteur d'un texte par rapport au matériau sur lequel il écrit. » Cette localisation stratégique, concept clé dans les études postcoloniales/décoloniales, s’applique-t-il aux chercheuses et chercheurs et leur position par rapport aux travaux produits dans ces mêmes domaines ?

James Cohen pose le débat en 2007[1] en faisant état d’un retard considérable en France : « Quel est l’espace légitime du débat « scientifique » ? Comment, dans quelles conditions, est-il admissible de mobiliser des connaissances historiques pour construire des argumentaires politiques ? […] S’il est vrai que le tournant postcolonial signifie d’abord l’ouverture – réelle mais non sans heurts – d’un espace de débat critique sur la nature du lien social et du pouvoir aujourd’hui, il n’incarne aucune orientation politique ou idéologique précise. » En 2023, les questions demeurent. Émilienne Baneth-Nouailhetas et Laetitia Zecchini[2] décrivent un rejet pérennisé « farouche » du postcolonial. La recherche « décoloniale », résolument engagée, est décriée. Nous poserons donc la question de savoir comment décliner la notion de « compatibilité » entre engagement et neutralité axiologique en recherche en études postcoloniales et décoloniales.

[1] « Qui a peur du postcolonial ? Dénis et controverses. » Mouvements 2007/3, n° 51.

[2] « Postcolonial/décolonial. » Un monde commun. Les savoirs des sciences humaines et sociales. Hors collection. Alexandre Gefen (ed.), 2023, pp.168-171.

 

  • Session 5

Postures du chercheur : questions d’éthique (IRCL-EMMA-RIRRA21)

 Léo Stambul (MCF en littérature française, IRCL) :

  •  Le (dés)engagement de la recherche en littérature à l'âge classique

La recherche en littérature des siècles anciens (16e-18e siècle) confronte le chercheur à des textes fortement porteurs de valeurs (éloge, satire, etc.) et souvent moralisants (théâtre, roman, etc.), l'invitant à analyser les processus de production de ces valeurs par les textes (M. Dominicy, La mise en scène des valeurs, 2001). Mais si le chercheur sait bien comment mettre à distance les valeurs morales et politiques de ses corpus (royalisme, cléricalisme) en dénonçant les instrumentalisations anciennes de la recherche en littérature (le virage nationaliste ou clérical du 19e siècle), certains aspects "engagés" des chercheurs en littérature demeurent encore source de polémique dans la recherche actuelle. On s'intéressera ainsi en particulier au débat autour de l'usage des sciences sociales dans la recherche en littérature des années 2000 (M. Fumaroli, Trois institutions littéraires, 1994) et les modalités de l'engagement et du "désengagement" des chercheurs dans leur manière d'écrire une histoire de la littérature, toujours pourtant située (M. de Certeau, L’Écriture de l'histoire, 1975).

 

Alice Borrego (jeune docteure en littérature britannique, EMMA) :

  •  Responsabilité et engagement éthiques de la recherche. Le cas du roman social britannique

Engagement idéologique et engagement éthique dans le monde de la recherche peuvent parfois être la source de confusions, voire même d’amalgame. Cependant, c’est bien la distinction entre morale et éthique qu’il faut établir en tant que chercheur : il est en effet nécessaire de rappeler que la morale revêt un caractère normatif, manichéen, là où l’éthique, au sens de Levinas et, plus tard, de Judith Butler, nous invite à considérer l’Autre et notre responsabilité individuelle et collective. L’engagement idéologique se trouve donc du côté de la morale, ou plutôt d’une morale, tandis que l’engagement éthique renvoie aux liens qui nous unissent nécessairement les uns aux autres.

C’est dans cette forme d’engagement que la recherche semble s’inscrire dans un premier temps (et j’utilise ici « semble » car utiliser un verbe tel que « devoir » créerait un régime totalisant de la recherche qui ne serait donc pas éthique).  Ce niveau de reconnaissance de l’Autre à travers les prismes disciplinaires est ensuite inévitablement transformé par les défis politiques, économiques et sociaux, qui entourent la recherche. Chacun étant affecté différemment par ces derniers, la recherche peut apparaître (et est parfois dénoncée) comme un moyen de militantisme politique. Or, c’est là que la notion d’engagement en recherche se complexifie, oscillant entre défendre un programme politique personnel et défendre une position éthique universelle, souvent définie comme « objectivité ». Mais plutôt que de choisir entre les deux, il semble essentiel au contraire de refondre les termes de la relation, projet initié par Paul Ricoeur dans son essai « Responsabilité et Fragilité » (1992) :  il s’agirait de proposer une troisième voie, dans laquelle la recherche permet de mettre au jour les mécanismes discursifs et pratiques qui fragilisent l’Autre, afin de responsabiliser (dans le sens de sensibiliser et pousser à agir) la société au sens large. Cette troisième voie permettrait de remettre l’éthique au cœur de la construction sociale : c’est cette démarche qu’entreprennent les romans britanniques sociaux contemporains, appelés « state-of-the-nation », et qui feront l’objet d’un cas pratique lors de cette présentation.

 

Myriam Ducoin (doctorante en arts et sciences de l’Art, Arts Plastiques, RIRRA21) :

  •  Réaliser sa recherche au sein d’une collectivité : entre engagement éthique et mémoriel

 L’expérience de la recherche suppose différents engagements. Tout d’abord, l’engagement éthique (Carvallo, 2019). En faisant le choix de réaliser un doctorat, ce sont des règles et des normes précises liées à l’intégrité scientifique que le jeune chercheur s’engage à respecter tout au long de sa thèse. Puis, durant toute sa carrière, lorsqu’il a l’opportunité de devenir enseignant-chercheur.

Le deuxième engagement est plus spécifique à certaines disciplines, notamment celle des arts plastiques, et implique parfois de respecter des critères liés à une commande artistique (Monnier,1995). Les commandes publiques ou privées (Chassain, 2020), rendues possibles par un financement et donc par un ou plusieurs financeurs, supposent des contraintes et parfois des difficultés qu’il faut savoir intégrer dans sa création. Ces difficultés existent déjà pour les artistes professionnels qui répondent à des commandes artistiques et vivent de ce type de revenu (Moulin, 2009 et Patureau,2020). Comment alors créer librement dans un contexte de commande ? Est-ce au moins possible ?

L’artiste-chercheuse en devenir que je suis, réalisant son doctorat dans un contexte de commande, est liée à deux contrats spécifiques. Je dois respecter des normes éthiques qui m’unissent à mon université et des règles contractuelles qui m’associent à mon commanditaire. Les productions artistiques et scientifiques qui en résultent sont-elles alors influencées ou même compromises ? Ou s’agit-il plutôt d’une opportunité de créer un objet artistique inattendu, comme une bande dessinée par exemple, racontant l’histoire oubliée d’un territoire rural (Machhour, 2020) ? De plus, lorsque le commanditaire se trouve être une collectivité, l’artiste-chercheur est inévitablement imbriqué dans la vie politique de la municipalité. Sa neutralité est-elle alors mise en suspend (Pequignot, 2006) ?

Au coeur d’une commande artistique réside parfois d’autres engagements (Faujour, 2021). Certaines productions artistiques ont pour objectif de transmettre des messages, une histoire ou tout simplement la mémoire d’un lieu ou d’une époque (Delorme, 2020). Cet engagement mémoriel suppose de respecter un élément crucial : la vérité des faits. Dans ce cas précis, l’artiste-chercheuse que je suis doit s’engager à raconter les évènements avec honnêteté et doit avouer les passages retravaillés de l’Histoire pour le bien de son scénario (Bricco, 2014 et Duarte, 2016). Il est alors question de respect envers la mémoire d’un territoire et envers ses habitants.

Cette production, une fois connue du public, peut donner l’occasion à ce dernier de s’engager lui-même dans cette transmission mémorielle. Le projet à l’origine individuel et solitaire devient collectif et citoyen (Dacheux, 2019 et Fourmentraux, 2012). La recherche prend une autre dimension et sort du seul cadre de l’université pour se développer et s’imbriquer dans la vie de la cité. Des rencontres, des échanges, des liens humains forts et durables s’établissent entre l’artiste et la population grâce à

différents temps forts : des expositions, des conférences, des interventions en milieu scolaire et associatif. C’est tout le tissu social d’une ville qui est alors impliqué dans un seul projet qui devient ensuite multiple, car chacun a la possibilité de créer à son tour.

Biographie

DACHEUX Éric, Bande dessinée et lien social, Paris : CNRS Éditions, 2019.
FOURMENTRAUX Jean-Paul, ARDENNE Paul, L'oeuvre Commune, affaire d'art et de citoyen, Dijon : les Presses du réel, 2012.
MACHHOUR Héba, PERRIN-SAMINADAYAR Corinn, Faire-écrire l'événement Littérature, Histoire, Fiction (XIXe -XXIe Siècles), Paris : L’Harmattan, 2020.
MONNIER Gérard, L’art et ses institutions en France, de la révolution à nos jours, Paris : Gallimard, 1995.
MOULIN Raymonde, et COSTA Pascaline, L'artiste, l'institution et le marché. Paris: Flammarion, 2009.
PATUREAU Frédérique, SINIGAGLIA Jérémy, Artiste plasticiens : de l’école au marché, Paris : Ministère de la Culture, 2020.
 
Webographie
 
BRICCO Elisa, « Le roman graphique et l’Histoire : pour un récit engagé », Cahiers de Narratologie [En ligne], 2014. URL : https://journals.openedition.org/narratologie/6864
CARVALLO Sarah, « L’éthique de la recherche entre réglementation et réflexivité », Revue d'anthropologie des connaissances, 2019/2 (Vol. 13, N°2), p. 299-326. [En ligne], URL :https://www.cairn.info/revue-anthropologie-des-connaissances-2019-2-page-299.htm
CHASSAIN Adrien, LECACHEUR Maud, (dir.), « Logiques de la commande (XXe-XXIe Siècles)."COnTEXTES. Revue De Sociologie De La Littérature 29, 202O, [En ligne], URL : https://doi.org/10.4000/contextes.9531
DELORME Isabelle, “L’Art de voler et L’Aile brisée, d’Antonio Altarriba et Kim, sont-ils des récits mémoriels historiques en bande dessinée ?”, Cahiers de civilisation espagnole contemporaine, 24 | [En ligne], 2020. URL : http://journals.openedition.org/ccec/9346
DUARTE Maxence, « Patricia Lyfoung, une artiste engagée ? L’exemple de la bande dessinée La Rose Écarlate », 2016, ALTERNATIVE FRANCOPHONE 1(10), 116–135. [En ligne], URL : https://doi.org/10.29173/af27237
FAUJOUR Mikaël, « Art engagé. Quand le monde de l’art s’énivre de pseudo-résistance », Ligeia, 2021/1 (N° 185-188), p. 194-211. [En ligne], URL : https://www.cairn.info/revue-ligeia-2021-1-page-194.htm
PEQUIGNOT Bruno, « Daniel Vander Gucht, Art et politique. Pour une redéfinition de l'art engagé. Collection « Quartier Libre », Édition Labor, Bruxelles 2005, 93 pages », Sociologie de l'Art, 2006/1 (OPuS 8), p. 181-186, [En ligne]. URL : https://www.cairn.info/revue-sociologie-de-l-art-2006-1-page-181.htm
 
 

 

 

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